Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/359

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de ses appointements. Une autre fois, Gaucher conduit son monde, par la Comté, jusqu’à Fontaine-Française, qu’il croyait surprendre (3 juin 1644). Ou bien, quand la Mothe lui fait défaut, il court à Vesoul, y amasse un gros parti et le ramène sur les environs de Langres, où il opère une razzia de trois cents porcs et de quatre cents pièces de gros bétail, avec prisonniers et autre butin (28 juillet 1644). Ici le curé narrateur s’écrie dans sa douleur indignée : « Hommes ingrats et dénaturés que ces pillards, qui nous estoient cependant si obligés pour les bons traictements que nous leur avions faicts, ou aux leurs, quand ils estoient nos prisonniers, surtout au Gauchier, à qui nous avions osté la corde du col. » Il est vrai que cette course des Vésuliens et de leurs voisins n’était qu’une revanche des affreux dégâts commis à la fin de mars, sur Vesoul, Charriez, Faverney et les alentours, par un corps de six mille Suédois, que le Bassigny nous avait généreusement envoyés, avec trois canons.

Deux épisodes de ces temps néfastes nous offrent un singulier mélange de mœurs violentes et de foi religieuse.

Peu de jours avant la surprise de Bougey, le sieur de la Roche, commandant de Mirebeau, vaillant comme un César, au dire de l’abbé Macheret, rencontra près d’Orain le capitaine la Pierre, de la garnison de Gray. Après un choc violent des Bourguignons et des Comtois, la Pierre resta sur le terrain, blessé à mort. « De grâce, vite un prêtre, s’écrie-t-il ! » Il n’y en avait point sous la main : le curé du lieu, comme ses paroissiens, avait fui dans les bois, à l’arrivée des partisans. Mais la Roche,