Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/362

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son sol étroit, que laboure la charrue, n’offre pas même un débris[1].

Le traité de Westphalie (1er octobre 1648), en concentrant la lutte entre la France et l’Espagne, adjugea les duchés de Lorraine et de Bar au jeune Louis XIV, et par conséquent laissa les armes aux mains du souverain dépossédé. Toujours l’allié des Espagnols et d’ailleurs animé par le prince de Condé, devenu leur généralissime, Charles de Lorraine continua de harceler le territoire français, surtout le Bassigny. Notre lisière comtoise eut aussi fort à souffrir du passage de ses gendarmeries. En 1652, la Fauche, son lieutenant, arriva dans les environs de Luxeuil et de Saint-Loup, venant d’Alsace et marchant contre Langres, avec 6,500 hommes d’effectif, selon Macheret, chiffre sans doute exagéré par la frayeur. Ils traînaient derrière eux une suite nombreuse de vivandiers, de voleurs, de femmes et d’enfants, amenés par la faim et cherchant à rapiner pour vivre, sous la protection du soldat ; car la famine dévorait au loin toutes les provinces. Pendant que cette armée picore et pille au large, dans un pays ruiné, un détachement de quatre cents chevaux tombe sur les villages de Morey, Charmes et Bourguignon, dont les habitants éprouvèrent les dernières brutalités et se virent enlever pain, grains, salaisons, vins, habits, vaisselle, argent monnayé, argenterie, bestiaux ; enfin tout ce qu’ils possédaient. Les voleurs lâchèrent dans les caves les tonneaux qu’ils ne pouvaient emmener (19 avril).

Quatre jours après, la Fauche campait autour de Jonvelle,

  1. Macheret, fol. 51 à 92