Page:Coudriet, Chatelet - Histoire de Jonvelle et de ses environs, 1864.djvu/619

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une bonne curée, si elle ne luy treuve six mille pistoles en dernier mot et recepvant garnison. Ce bon religieux, nommé P. Symon, de Gray, prend de son mieux nostre party, remonstre nostre pauvreté qui nous renforce le courage, n’ayant plus rien à perdre ny à donner, et qu’il n’y avoit à gaigner que des coups. De quoy l’ennemy ne faisant estat, apprès plusieurs discours et replicques, enfin il aborna la somme à 10,000 escus, qui font trois mille pistoles, à sa supputation, à moins desquelles il jure que lundy suyvant il sera à nos portes, luy donnant charge de nous eu advertir, affin de l’aller veoir et traicter avant que le canon passe la Saône pour venir à nous ; car aultrement il ne serait plus temps d’y pancer, pour l’honneur des armées du roy. Et sur ce, de son mouvement il escrivit et soubsigna un pasport, en date du vingt-quatriesme dudict mois, qu’il mit en mains à ce Père, pour le nous délivrer.

A ce discours, le peuple troublé d’espouvante, desnué de tout secours au dehors, resduicts en petit nombre dans l’enclos de faibles murailles, disposant déjà sa retraicte dans les bois, à l’exemple des chasteaux susmentionnés, fut un peu remis et se détint, cognoissant qu’il pouvoit esvader à prix d’argent ; tellement que, s’estant assemblé solempnellement, il fut d’une commune voix jugé nécessaire de prévenir ceste borasque, députant deux commis pour y travailler à meilleur prix qu’ils pourront, sans charger la ville d’aulcunes garnisons, contributions ou prestation de sairement, comme portent leurs instructions incérées dans le livre du conseil. Ensuitte de ce, le lendemain ils se mettent en chemin, prenant avec eux led. Père Symon et Père Chrisostome, gardien du couvent de Vesoul, et vont coucher à Rupt, pour delà prendre langue de l’ennemy et ne point passer oultre qu’ils ne le sçachent venir à nous. De quoy n’ayant peu rien apprendre de certain, ils envoient ses Pères devers Artaufontaine et Rey pour rapporter nouvelles asseurées. Eux, un peu trop zélés selon la saison, passent à Morey, où ils descouvrent estre le cartier de la Cour, se font introduire auprès du conte de Grandcey et luy tiennent assez long propos de ce négoce, taschant de luy faire congnoistre nostre pauvreté, par les grandes fournitures et deniers excédants trois cent mille francs, délivrés par ordre et acquits pour le service de nos souverains, la perte de nos biens et héritages sans revenuz. Et font ce qu’ils peuvent imaginer de relevant pour nostre soulagement ; nonobstant quoy il