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Page:Counson - Malherbe et ses sources, 1904.djvu/214

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discours du Navarrin et dans le Récit du berger. Ce dernier a aussi une formule d’affirmation que Ronsard avait employée ailleurs que dans l’Églogue I ; ces formules étaient fréquentes dans la poésie ancienne et moderne[1], mais celle de Malherbe ressemble particulièrement à celle du chef de la Pléiade :

Mais que chacun y donne aussi ferme crédit
Que si les chênes vieux d’Épire l’avoient dit[2].

Et les chênes d’Épire
Savent moins qu’il ne sait les choses à venir[3].


Les éloges que Malherbe écrit pour les fêtes royales sont souvent tracés dans les mêmes cadres que ceux des poètes de la génération précédente : il reprend les prophéties des Sibylles[4], et il y met ce qu’y mettaient ses prédécesseurs et ses contemporains[5].

Son style a gardé aussi les expressions du seizième siècle : il a la même façon de « soupirer les peines » de l’amant ; il appelle la mer « la plaine salée » et emploie des périphrases dans le goût de Ronsard ; il parle encore des hémérocalles, et même il le fait avec pléonasme, puisqu’il dit « hémérocalles d’un jour ». Il parle aussi, comme Ronsard et Régnier, du soleil et de ses douze maisons qui riment à

  1. Cf. Ovide, Ars amandi, III, 789 et 790 ; voy. aussi Martha, Le poème de Lucrèce, p. 16, à propos du passage du De Natura Rerum, V, 110-112.
  2. Ronsard, III, 266.
  3. Malh., I, 232.
  4. Malh., I, 197 sv.
  5. Voy. par exemple Fréd. Lachèvre, Bibliographie des recueils collectifs de poésies publics de 1597 à 1700, t. I, p. 403. Sur les ballets à cette époque, voy. G. Grente, Jean Bertaut, p. 138-143