Page:Courant - L'enseignement colonial et les cours de chinois à Lyon, 1901.pdf/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
2
ENSEIGNEMENT COLONIAL ET COURS DE CHINOIS

et qui mériteraient de l’être. Le traité fut mené à bien et signé à Whampoa, le 24 octobre 1844. La France était ainsi la quatrième puissance chrétienne qui entrait en rapports officiels avec la Chine : la Russie, en effet, par le traité de Nertchinsk conclu au xviie siècle (1689), avait de longtemps prévenu l’Angleterre.

Il faut remarquer la part indirecte, mais non sans importance, prise à la mission officielle française par les Chambres de commerce de Lyon et de Saint-Étienne. Il n’était pas possible que le pays de la soie parut indifférent aux représentants de l’industrie de la soie en France. Toutefois il n’était pas encore question à cette époque d’importer la matière première chinoise ; ce n’est qu’entre 1855 et 1860 que la maladie des vers à soie fit chercher de nouvelles régions productrices et mit diverses maisons de la région lyonnaise en relations directes avec la Chine, avec le Japon nouvellement ouvert ; ainsi Lyon entrait en contact avec l’Extrême-Orient et ce contact ne devait plus cesser. Pendant une période d’une trentaine d’années, les maisons lyonnaises se multiplièrent, étendirent leurs affaires, maintenant avec persévérance le commerce français à travers les vicissitudes de notre fortune nationale tant en Europe qu’en Extrême-Orient. Lorsque l’acquisition du Tonkin, l’établissement du protectorat sur l’Annam, la paix avec la Chine eurent complété et affermi notre empire indo-chinois dont la Cochinchine avait été la base, le commerce lyonnais était prêt ; il s’intéressa activement aux entreprises coloniales et prit dans les nouveaux débouchés ouverts, à Haïphong par exemple ainsi qu’au Yun-nan, la place qui lui revenait de droit. Les derniers événements de l’Asie orientale, guerre sino-japonaise, intervention de la France, de la Russie, de l’Allemagne après Simonoseki, concession de voies ferrées de pénétration vers Long-tcheou et le Koang-si, vers Yunnan-tchheng en remontant le fleuve Rouge, régularisation de notre situation au Laos, ont rendu plus intimes les liens qui nous unissent à la Chine et ouvert les marchés méridionaux de cet empire aux entreprises de nos négociants. Les désordres qui bouleversent aujourd’hui les provinces du nord et la capitale sont-ils de nature à interrompre ces relations ? on ne saurait le croire, car ils sont le fait d’un nombre relativement peu important de rebelles, soulevés par des craintes de famine et encadrés par les sociétés secrètes ; ils ont trouvé un appui sérieux près d’un parti animé d’une haine farouche contre l’étranger, poussé aussi par l’ambition ; mais le plus grand nombre des mandarins dirigeants se rend trop bien compte de la faiblesse de la Chine contre les puissances pour avoir escompté le succès de pareilles violences, au plus quelques-uns d’entre eux auront-ils eu l’idée de nous effrayer et de nous rendre plus maniables, prêts à répudier toute compromission avec les Boxeurs, dès que notre force aura commencé de se manifester. Quant à un soulèvement national des marchands et des travailleurs contre l’intrus d’outre-mer, il est trop contraire à leurs intérêts privés et corporatifs, à leur indifférence politique, pour qu’on le puisse admettre ; les Boxeurs n’ont trouvé dans le peuple que ces sympathies qui naissent de la terreur. Si l’union des alliés s’affirme, elle ne tardera pas à venir à bout des mandarins, de la Cour que l’on a malheureusement laissé échapper ; l’ordre renaissant, il faudra songer à l’organiser de façon durable, en tenant compte du tempérament chinois ; les entreprises commerciales et industrielles un moment interrompues prendront, après cette convulsion d’un moment, un nouvel essor.