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Page:Courouble - La Famille Kaekebrouck,1902.djvu/89

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DE JOSEPH KAEKEBROECK

Alors, Joseph poursuivit son chemin à grands pas.

Il plaignait chaque passant de ce qu’il ne fût pas lui.

Un pauvre garde-ville, qui se tenait impassible en son imperméable, au coin de la rue des Fripiers, l’emplit surtout d’une forte compassion. Il dut se retenir pour ne pas se jeter au cou de cet homme et consoler sa misère.

Mais déjà sa pensée voltigeante se posait sur M. et Mme Kaekebroeck, dont il escomptait la surprise et la joie, quand, demain, amenant Adolphine devant eux, il dirait : « Voici votre fille. »

Et il s’en voulut de tout le mystère qu’il avait fait à ses bons parents. C’était mal à lui, vraiment, d’avoir différé une confession qui leur eût donné tant de bonheur !

Maintenant, il gravissait un large boulevard ; soudain, il aperçut la grande serre du Jardin Botanique toute scintillante de paillettes, et son dôme pâle vert, d’une ineffable et tranquille lueur, sous la belle lune ronde.

Et il frémit au souvenir du suicide de son ami