Page:Courteline - Ah Jeunesse!, 1904.djvu/54

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Rien de nouveau, du reste ; rien du tout. Comme toujours, encadrant le couronnement de la voûte qui aboutissait au contrôle, flambaient en caractères de feu ces deux mots folies modernes, et au-dessous, inondé de lumière, se détachait en noir, sur le rose des affiches, le nom de Mlle Mariannet.

J’en soufflai laborieusement.

Le deuxième acte, justement, commençait. Par les minces à-jour de la barrière à claire-voie qui fermait le Café du Théâtre, m’arrivait l’aigu grelottement de la sonnette de l’entr’acte appelant sans se lasser au public.

Je me hâtai. Je pénétrai sur scène, par la communication, et ayant, d’une poussée discrète, chassé devant moi les tambours du foyer, je vis une chose qui me combla de joie.

La nuque mirée en la glace et reposant aux moulures d’un cadre malade de la lèpre rouge, Mlle Mariannet se faisait du bon sang.

Son talon gauche en équilibre sur le coude de son pied droit, elle allongeait entre l’écartement scabreux de sa tunique la royale magnificence de ses jambes habillées d’un trop pâle maillot ; et ceci devant trois cocodès qui lui faisaient leur cour à coups