Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/257

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— Ouvre, Lavernié, c’est moi !

— Ô mon Dieu, murmura Angèle, c’est la voix de Charles !

— Oui, dis-je.

Et je sautai du lit.

Angèle, affolée, criait :

— Rodolphe, n’y va pas, je t’en prie !

Mais, comme bien vous pensez, je ne l’écoutai pas ; je ne fis qu’un bond jusqu’à la porte, et, en chemise, les pieds nus, la main sur la serrure :

— C’est toi, Laurianne ? demandai-je.

— Oui, répondit Laurianne.

J’ouvris.

Laurianne entra comme une bombe, rouge comme un coq, les yeux hors de la tête.

— Angèle est ici ! hurla-t-il.

Je le regardai.

— Certainement elle est ici, dis-je ; il y a un mois que nous couchons ensemble, et je ne te l’ai pas caché.

Mais il parut n’avoir pas entendu, et, les lèvres blanches de colère :

— Misérable, balbutia-t-il, sale canaille ! Voilà comment tu te conduis avec un ami de dix ans !

Je lui éclatai de rire au nez.

— Elle est bien bonne ! m’écriai-je. Est-ce que j’ai fait autre chose que ce que tu m’as conseillé de faire ? Tu me l’as assez dit, pourtant, de ne pas me gêner et d’en prendre à mon aise ! Et « en voilà assez d’Angèle ! » et « je n’ai pas beaucoup l’habitude de m’éterniser dans le collage ! » et « crois-tu que j’hésiterai jamais entre un camarade et une grue ! » et patati et patata ! J’ai pris ça pour argent comptant, qu’est-ce