il doit être en même temps pépinière, école de culture et verger ; ses bâtiments d’exploitation ne doivent pas être seulement des greniers et des hangars, mais aussi des magasins conservateurs et des usines.
Une meilleure exploitation, en augmentant les produits, n’est pas seulement profitable au propriétaire, elle permet, en outre, d’employer un plus grand nombre de bras trop souvent oisifs, et que de nouvelles industries réclament. La fabrication du sucre de betteraves par exemple, l’une des plus belles découvertes des temps modernes, est appelée à exercer sur l’agriculture une immense influence ; cette industrie tout agricole ne sera bientôt plus qu’une des branches de l’agriculture ; déjà la Flandre, l’Artois et la Picardie offrent, pour ainsi dire, l’aspect d’un jardin ; la jachère a disparu, et l’élève du bétail, qui coïncide si heureusement avec l’exploitation du sucre indigène, se répand davantage et augmente la masse des fumiers, ressource si puissante du cultivateur.
L’époque n’est peut-être pas éloignée où la conversion du sucre concret de raisin en sucre cristallisable permettra de convertir les produits de nos nombreux vignobles soit en vin, soit en sucre, suivant les besoins. On ne verra plus alors, chose inouïe dans les fastes industriels, l’abondance produire la misère aussi bien que la disette. Cet espoir est fondé sur les beaux travaux que l’on doit à Parmentier et à Serullas ; élève de ces hommes célèbres, nous faisons tous nos efforts pour le réaliser, et déjà nous avons obtenu quelques résultats satisfaisants que nous indiquerons à l’histoire du raisin.
Si l’industrie agricole manufacturière était plus répandue, quel bien n’en résulterait-il pas ! les populations malheureuses n’émigreraient plus pour chercher dans d’autres climats des terres plus fécondes et moins ingrates[1]. Les habitants des cam-
- ↑ Il serait plus judicieux d’appeler ingrats ceux qui les abandonnent, car il est maintenant, grâce aux progrès des sciences, bien peu de sols complètement improductifs.
