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poésies.

LES MORTS


 
Ô morts ! dans vos tombeaux vous dormez solitaires,
Et vous ne portez plus le fardeau des misères
Du monde où nous vivons.
Pour vous le ciel n’a plus d’étoiles ni d’orages,
Le printemps, de parfums ; l’horizon, de nuages ;
Le soleil, de rayons.

Immobiles et froids dans la fosse profonde,
Vous ne demandez pas si les échos du monde
Sont tristes ou joyeux ;
Car vous n’entendez plus les vains discours des hommes,
Qui flétrissent le cœur et qui font que nous sommes
Méchants et malheureux.

Le vent de la douleur, le souffle de l’envie,
Ne vient plus dessécher, comme au temps de la vie,
La moelle de vos os ;
Et vous trouvez ce bien, au fond du cimetière,
Que cherche vainement notre existence entière,
Vous trouvez le repos.

Tandis que nous allons, pleins de tristes pensées,
Qui tiennent tout le jour nos âmes oppressées,