Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

145
poésies.


Ainsi, pendant vingt ans promenant la victoire
Sur les pas de ses escadrons,
L’immortel empereur sut obliger la gloire
À lui donner tous ses rayons ;
Et sa puissante main sema cette auréole,
Des champs sablonneux d’Aboukir
Aux murs de l’Alhambra, des rivages d’Arcole
Aux bords du vieux Guadalquivir.

Pourtant un jour il vit, sur la rive étrangère,
La victoire l’abandonner ;
Il voulut la forcer, mais la Gloire, sa mère,
N’avait plus rien à lui donner ;
Car, pour orner son front du brillant diadème
Dont il devait nous éblouir,
Elle avait épuisé, dans cet effort suprême,
Tous les lauriers de l’avenir.

Quand de la trahison et de l’ingratitude
Il eut bu la calice amer,
Il alla demander asile et solitude
À l’immensité de la mer.
C’est là qu’il s’éteignit sur un roc solitaire,
Dans sa gloire et dans son malheur,
Et les nains couronnés qu’il foudroyait naguère
Jetèrent un cri de bonheur.

    Enterré à Sainte-Foye, M. Évanturel fut porté à sa dernière demeure par ses vieux camarades de la guerre de la Péninsule.

    C’est là que le poète le fait se réveiller quand le commandant Belvèze vint, avec les marins de la Capricieuse, assister à la pose de la première pierre du monument élevé aux héros de la bataille de Sainte-Foye.