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poésies.


De sceptre impérial armant sa main puissante,
Le héros apprenait à la terre tremblante
Que Charlemagne enfin avait un successeur ;
Déployant aux regards la pourpre triomphale,
À l’univers muet la vieille cathédrale
Montrait le Pape et l’Empereur

Puis il était acteur dans ce poème immense ;
Fils unique, il allait combattre pour la France,
Et disait à sa mère un éternel adieu.
À la gloire il offrait la fleur de ses années,
Et des enfants du Cid, au pied des Pyrénées,
Il affrontait le premier feu.

Ses yeux te revoyaient, beau pays des Espagnes,
Avec ton ciel ardent et tes hautes montagnes,
Tes doux chants que l’écho répète chaque soir,
Et tes fiers hidalgos de Léon, de Castille,
Tes señoras faisant briller, sous leur mantille,
Un œil étincelant et le noir.

Puis il suivait le cours de sa propre épopée ;
La victoire à Burgos guidait sa jeune épée.
Rodrigo, Badajoz, Figueras, Almeida,
Salamanque, où Marmont, entre tous grand et brave,
Vit tourner le destin jusque-là son esclave ;
Ronda, Margalef, Lérida.

Siège de Saragosse, ô funèbre prodige,
Dont le souvenir seul nous donne le vertige,