Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/172

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Dans les grands bois,
Le rossignol, sous la verdure,
Mêlait au chant de la nature
Sa douce voix.

Le front rayonnant d’espérance,
Vers un navire qui s’avance
Sur les flots bleus,
Les deux femmes, sur cette rive
Où s’éleva leur voix plaintive,
Jetaient leurs yeux.

Touchant au but de son voyage,
L’équipage sur le rivage
Portait ses pas ;
Mais dans la foule qui se presse
Celui que cherchait leur tendresse
Ne parut pas.

Hélas ! comme son pauvre frère,
Les flots d’une mer étrangère,
Brisant ses jours,
L’avaient jeté loin de la rive
Qui vit sa jeunesse naïve
Et ses amours.

À quelque temps de là, sa mère
Trouvait aussi dans l’onde amère
Un froid cercueil ;
La jeune fille anéantie
Vit s’affaisser dans la folie
Son âme en deuil.