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CASTELFIDARDO

 
Prenant pour dieu l’argent et pour guide le doute,
Des antiques vertus abandonnant la route
Et foulant à leurs pieds les droits les plus sacrés,
Quand les peuples, courbés sous le vent de leurs crimes,
S’arrêtent, frémissants, au bord des noirs abîmes
Et jettent vers le ciel leurs regards effarés,

Alors, pour ranimer la vertu qui chancelle,
De grands cœurs, dévorés de la flamme éternelle
Qui donnait aux martyrs les ardeurs de son feu,
Pour l’honneur et le droit sacrifiant leur vie,
Montrent qu’il est encore, à la terre éblouie,
Ici-bas des héros, et dans le ciel un Dieu.

Dans les sombres forêts de la vieille Armorique,
Au milieu des dolmens du monde druidique,
Avez-vous vu briller le vieux glaive breton ?
Avez-vous entendu l’héroïque Vendée,
Terre par les martyrs tant de fois fécondée,
À l’appel de ses fils bondir comme un lion ?

Triste comme Israël exilé de Solyme,
Quand Rome a fait entendre une plainte sublime,