Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


« L’autel où j’apportai l’innocence bénie
« De mon cœur jeune et pur, cette fleur de ma vie
« Alors sans tache et sans remord,
« Où les anges chantaient les hymnes de l’aurore,
« Oui, cet autel verra ma pauvre mère encore
« Offrir cette fleur de ma mort. »

le ver.


« Eh ! que m’importe à moi que ta froide poussière
« Frémissante au souffle du vent,
« Se transformant en fleur, vienne aux pieds de ta mère
« Apporter son parfum vivant ?

« Ton cadavre est mon bien, ton cadavre est ma vie !
« C’est mon orgueil et ton tourment ;
« C’est la fleur de la mort, la fleur épanouie
« Qui doit me servir d’aliment.

« Irai-je en un instant, comme un homme prodigue,
« Briser l’objet de mon amour,
« Et, pour te contenter, me donner la fatigue
 De te dévorer en un jour ?

« Oh ! je sais mieux jouir des biens que Dieu m’envoie ;
« J’aime à déguster mon bonheur.
« Je prendrai chaque jour une part de ma proie
« Pour mieux en goûter la saveur.