Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/244

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dans un mois. Si la France sort victorieuse de la crise terrible qu’elle traverse en ce moment, il est probable que Napoléon III reviendra aux Tuileries. Je dis : il est probable, car, parmi les généraux que la défaite du 6 août lui a imposés, il y en a plusieurs, tels que Changarnier, Trochu, le nouveau gouverneur de Paris, etc., qui sont des orléanistes de premier choix. On parle déjà de Trochu comme du Monk qui doit replacer sur le trône la famille de Louis-Philippe.

Je ne sais pas ce que la Providence réserve à la France, mais si le comte de Paris doit remplacer Napoléon III, je crois que l’on écrira bientôt de la France ce que Kosciusko disait de la Pologne : Finis Poloniæ !

Les d’Orléans représentent les boutiquiers et les avocats, deux classes qui ne sont guère héroïques. En présence de la Prusse, qui veut rétablir l’empire d’Allemagne, ce n’est pas avec des métaphores ou des prosopopées que l’on conservera à la France le rang qui lui appartient en Europe.

Avant-garde, par sa position géographique, des peuples de race latine, la France, comme le dit Chateaubriand, est un camp. Elle doit avoir toujours la main sur son épée. M’est avis que les héros de l’agiotage ou du mur mitoyen qui veulent diriger les destinées de la nation, trouveront trop lourde pour leurs mains débiles la flamboyante épée de Charlemagne, de Louis XIV et de Napoléon.

On se dit à l’oreille les cancans les plus fantaisistes à propos de Napoléon III. Il est devenu fou,