Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/251

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envoie les détails de cette lutte homérique de quatre jours, qui vient aboutir à l’épouvantable désastre de Sedan.

Quand, samedi après-midi, la nouvelle de la capitulation de l’empereur, avec quarante mille hommes, s’est répandue dans Paris, personne ne voulait y croire, et cependant c’était bien la vérité. Comment cela a-t-il pu se faire ? Il serait difficile, en ce moment où les versions les plus insensées sont mises en circulation, de se prononcer sur cet acte qui termine si tristement la carrière de Napoléon III.

On dit que ces quarante mille soldats, qui s’étaient battus depuis quatre jours, n’avaient pas mangé depuis trente-six heures, et que Sedan n’avait ni munitions pour se défendre contre les quatre cent cinquante mille Allemands qui l’entouraient, ni provisions pour nourrir seulement dix mille hommes pendant deux jours. Tous les villages à cinq lieues à la ronde ayant été brûlés par les Prussiens, il était impossible de se ravitailler. D’ailleurs, comme un îlot perdu au milieu de l’Océan, ces glorieux débris de l’armée de MacMahon étaient entourés, pressés par les flots toujours grossissants de l’invasion germanique.

Comment cette armée du duc de Magenta, après avoir fait des prodiges d’une valeur titanesque, s’est-elle laissé envelopper par les troupes du roi Guillaume ? D’abord, il y a une chose qui est évidente aujourd’hui, que Moltke est un stratégiste supérieur aux généraux français, qui, incomparables comme bra-