Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/256

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

effrayée de la république que de l’arrivée des Prussiens. Jusqu’à présent, l’ordre le plus parfait règne dans Paris. Attendons.

Je n’ai qu’une confiance médiocre dans le gouvernement provisoire, qui ne compte qu’un seul homme, Trochu. Les autres sont des avocats très forts sur le chapitre des phrases, mais peu ferrés sur les moyens de repousser l’invasion. Ce qu’il nous faut, c’est un gouvernement sans phrases. Je n’ai pas perdu tout espoir, je crois encore que les Prussiens viendront se briser devant les murs de Paris.

Je pense que Paris ne sera pas encore attaqué la semaine prochaine, et que je pourrai vous écrire avant l’investissement de la capitale, si toutefois les Prussiens peuvent tenter cette opération gigantesque.


À sa mère.


Paris, 13 septembre 1870.
Ma bonne mère,

Je me porte parfaitement bien, mieux, hélas ! que la pauvre France, qui n’a peut-être jamais traversé une crise aussi horrible que celle qui vient de fondre sur elle. Je crois qu’elle sortira de cette douloureuse épreuve, mais ce sera au prix des sacrifices les plus durs et les plus pénibles. Paris est armé jusqu’aux dents et la défense est formidable.