Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/259

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Au moment où vous m’écriviez, vous espériez encore que la victoire allait couronner les efforts de la France. Hélas ! quelques heures après le départ de votre lettre, vous avez dû apprendre la catastrophe de Sedan et la chute de l’empereur. Aujourd’hui nous sommes en république, et les Prussiens campent sous les murs de la capitale. On s’est déjà battu avec les avant-postes.

Ici on est plein d’ardeur et de courage. On ne voit que des chassepots, on n’entend que le son du clairon et le roulement du tambour. Les gardes nationaux font l’exercice, soir et matin, dans les rues. Les munitions ne manqueront pas. Les provisions sont en quantité suffisante pour soutenir un siège de trois mois. Jusqu’à présent, la vie n’est pas plus chère qu’à l’ordinaire. Les fruits sont à un bon marché sans précédent. De magnifiques pêches se vendent un demi-sou, le raisin deux sous la livre. Les maraîchers et jardiniers des environs de Paris ont fait leur récolte en toute hâte pour ne rien laisser à l’ennemi. Ils arrivent en foule à Paris et vendent à n’importe quels prix les fruits qui ne se gardent pas, comme les pêches et les raisins.

Je ne pense pas que la capitale soit bombardée. Il est probable que la paix sera conclue avant qu’on n’arrive à cette extrémité.

Les élections, qui ne devaient avoir lieu que le 16 octobre, se feront le 2 octobre. Le gouvernement a rapproché la date de la réunion des collèges électoraux