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journal du siège de paris.

sont assez riches pour se passer de ces miettes. Canonnade sur toute la rive gauche, qui a réussi à culbuter presque toutes les batteries que les Prussiens travaillaient à établir. L’ennemi a lancé quelques obus sur les forts. Ses projectiles n’ont produit aucun effet. De son côté, la flottille de la Seine a fait son devoir. Les canonnières ont bombardé Brimborion, près de Bellevue, et ont mis plus de deux cents Allemands hors de combat. Le grand événement de la journée a été la manifestation des 10,000 gardes nationaux de Belleville sur la place de l’Hôtel de Ville. J’ai vu défiler cette milice citoyenne sur la place du Château-d’Eau. Point d’uniformes, pas même de képis, des blouses sales et déchirées, un grand nombre de figures avec lesquelles on n’aimerait pas à se rencontrer en tête à tête, à minuit, au milieu d’un bois, tel était l’aspect général de ces républicains de l’avant-veille. Ils étaient tous armés de fusils à piston, qui sont aux chassepots ce que les diligences sont aux chemins de fer. Flourens, colonel de l’un des bataillons des faubourgs, a demandé au gouvernement : 1° des chassepots ; 2° attaque immédiate des Prussiens par la garde nationale ; 3° les élections pour la commune de Paris. Comme le général Trochu s’est empressé de ne pas se rendre à leurs désirs, les électeurs de Rochefort, qui, seul des membres du gouvernement, avait jugé à propos de ne pas se trouver à l’Hôtel de Ville pour rencontrer ses soutiens du temps jadis dans sa lutte contre le bandit du 2 décembre, sont retournés