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journal du siège de paris.

savez que, pour tout ce qui regarde la mécanique, la balistique et autres sciences en ique, je suis d’une stupidité qui n’a d’égale que mon ignorance. Après avoir visité les écuries, où les 350 chevaux de l’empereur étaient admirablement logés, nous avons jeté un coup d’œil aux appartements du grand écuyer, le général Henry. C’est magnifique. La salle à manger, en ébène, est d’un genre très sévère et très beau. Dans le salon et la chambre à coucher, les papiers peints sont remplacés par des tentures de soie qui produisent un effet charmant. Pendant ce temps, le canon d’Issy faisait rage. Comme mon lieutenant, qui est l’ingénieur du corps d’artillerie chargé du service des mitrailleuses, n’avait rien à faire pendant le reste de la journée, il me propose d’aller un peu voir ce qui se passe en dehors des murs. Je me garde bien de refuser. Nous prenons le bateau-mouche qui, pour 15 centimes, nous conduit à Auteuil. Là, nous nous dirigeons du côté de la porte du Point-du-Jour, par laquelle nous sortons de Paris. Prenant à gauche, nous marchons pendant une vingtaine de minutes et nous nous arrêtons sur une butte à la hauteur du bas Meudon. Il est deux heures et demie. On entend bien la fusillade et la mitraillade des batteries de campagne, ainsi que le bruit strident et sinistre des mitrailleuses, mais on ne voit rien du tout, le combat se livrant à 6 kil. (l½ lieue) de l’endroit où nous sommes. Bagneux et Châtillon occupés. Le but de cette reconnaissance, qui était de forcer les Prussiens à