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journal du siège de paris.

de la majorité des Français que je suis obligé de prendre Paris, afin que le pays puisse nommer un pouvoir légal et régulier. » Les puissances étrangères se laisseront-elles de nouveau berner par le Bismark ? Deux bonnes fortunes aujourd’hui. Le Nouvelliste de Rouen du 11 et le Times du 10 ont passé à la barbe des Prussiens. La feuille normande nous apporte le texte de la proclamation que Gambetta a lancée dans les départements. À mon avis, il fait sonner trop haut et trop souvent le mot république. Il me semble que dans ce moment suprême, où l’existence même de la France est en question, on ne devrait pas songer à faire une réclame pour le parti auquel on appartient. Le pape est toujours à Rome. Le plébiscite a donné 40,000 oui pour Victor-Emmanuel et 46 non. Il est bien évident que l’immense majorité des États pontificaux s’est abstenue. L’officier prussien qui affirmait que Pie IX n’habitait plus le Vatican, avait-il des renseignements plus récents que ceux de la feuille de Rouen, qui portent la date du 9 ? Je ne le crois pas. Les nouvelles de la province sont bonnes. Vaincue à Artenay, une partie de l’armée de la Loire a pris le lendemain, le 11, une éclatante revanche sous les murs d’Orléans. Les armées s’organisent sur tous les points du territoire, et avant un mois les Prussiens seront investis à leur tour. Si je suis bien informé, le plan de la défense n’est pas de risquer une grande bataille, mais de faire la guerre de partisans, de couper les communications et d’enlever les convois de l’ennemi,