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journal du siège de paris.

l’archevêché, et là, dans un élan de fraternité républicaine, ils se sont embrassés aux acclamations de la foule. Je croyais que nos voisins les Yankees avaient le pompon pour les canards à haute pression. Le Times vient de prouver qu’il peut rendre des points au frère Jonathan. On s’attend d’ici à quelques jours à des opérations militaires offensives. Tant mieux, et puissions-nous enfin rompre le réseau de baïonnettes qui nous sépare du reste de l’univers. Une lettre de M. Conti, secrétaire de l’empereur, déclare apocryphe le manifeste signé Napoléon. L’amiral Fourichon est remplacé par Gambetta au ministère de la guerre à Tours. Nous ne sortirons donc pas des avocats ?

Le roi de Prusse devient bon enfant. Il a dispensé Versailles de payer la contribution de 400,000 francs qu’il lui avait imposée. Dans l’intérieur de Paris, tout va bien. Blanqui, Pyat et Cie semblent avoir renoncé, du moins pour le moment, à leurs manifestations en faveur de la commune. J’ai passé sur la place de l’Hôtel de Ville vers trois heures de l’après-midi. Il n’y avait pas cinquante personnes. C’est un bon signe, car, depuis le 4 septembre, la place de l’Hôtel de Ville a été le rendez-vous des politiqueurs et des badauds. La vie commence à être dure pour les gens qui aiment la bonne chère. Une bécassine se vend vingt francs, un poulet dix-huit francs, un lièvre trente francs. Pour le menu peuple qui, comme moi, se contente de bœuf, de soupe et de pommes de terre, l’augmentation dans les prix ne dépasse pas 25% Le pain n’est pas aug-