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journal du siège de paris.

décidément les fameux canons Krupp sont arrivés au camp du roi Guillaume, qui va commencer à nous bombarder la semaine prochaine. Sur toute l’enceinte de Paris il n’y a que deux points de vulnérables, Grenelle et Passy. Encore faudra-t-il que les Allemands puissent établir leurs batteries, ce qui n’est nullement prouvé. Dans la rue de l’Entrepôt, nous sommes complètement à l’abri des bombes, la partie nord de la capitale étant impossible à prendre et à bombarder. On annonce pour demain l’arrivée de M. Thiers à Paris. C’est un sauf-conduit de l’empereur de Russie qui lui permettra de franchir les lignes prussiennes. D’après les rumeurs qui circulent aujourd’hui, le gouvernement russe serait disposé à venir au secours de la France, si on revenait à la monarchie en rétablissant la famille d’Orléans sur le trône. Il va sans dire que cette proposition n’a aucune chance de trouver un accueil enthousiaste à l’Hôtel de Ville. Une cinquantaine de Russes, d’Anglais et d’Américains ont quitté Paris aujourd’hui avec la permission de M. de Bismark. Est-ce la crainte du bombardement qui fait fuir ces étrangers ? Le Combat de Félix Pyat annonce ce matin comme un fait positif que Bazaine avait capitulé et fait la paix avec Guillaume au nom de Napoléon III. Cette nouvelle à sensation a produit une vive et douloureuse émotion. À la Bourse, la rente a baissé de 75 c. Le Journal officiel a énergiquement donné le démenti à Félix Pyat. Rochefort, qui a reçu la députation de la garde nationale qui venait dénoncer le