Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

365
journal du siège de paris.

nus vers trois heures avec trente canons pour reprendre cette position. Après une lutte de deux heures, ils ont été repoussés avec des pertes considérables. Après le cancan Bazaine, nous avons le racontar Rouher. L’ex-président du sénat serait chargé de négocier la paix avec le roi Guillaume, qui ne reconnaît d’autre gouvernement que celui de Napoléon III. La France accepterait la perte de la Lorraine et de l’Alsace et l’abandon à la Prusse des navires composant les deux flottes de la Baltique, et paierait une indemnité en argent. M. Rouher se ferait fort de faire ratifier ce traité par les chambres françaises. Pour obtenir cette ratification, on neutraliserait temporairement la ville de Reims, où se réuniraient le sénat et le corps législatif. Le traité stipulerait qu’une fois la ratification obtenue, les provinces françaises qui ne se soumettraient pas aux conditions acceptées par les corps de l’État, seraient déclarées rebelles, et la Prusse s’engagerait à joindre ses troupes à celles de l’armée de Metz pour dompter la rébellion. Je ne crois pas un mot de cet énorme canard, lancé dans le seul but d’augmenter la haine des Parisiens contre l’Empire. Ce projet d’une paix honteuse est-il réalisable ? La province a-t-elle à ce point la crainte ou la haine de la république, que Napoléon III, ramené comme Louis XVIII par les baïonnettes teutonnes, lui semble préférable au gouvernement du 4 septembre ? Comme nous sommes bloqués depuis quarante-trois jours, nous ne connaissons rien des départements que les phrases