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journal du siège de paris.

bien bien faudra-t-il de milliards pour réparer le mal causé par les Germains ?

Comme je vous l’écrivais le lendemain de la bataille de Reichshoffen, je crois que les Prussiens ne sont que l’avant-garde de cette invasion tartare qui doit, avant longtemps, fouler à ses pieds le cadavre de la race latine.

Jeudi soir, 3 novembre. — Toujours très froid. Rien des forts ni des Prussiens. Est-ce une trève tacite en attendant l’armistice ? C’est aujourd’hui que se décide le sort du gouvernement provisoire. Je crois que les oui seront au moins cinq fois plus nombreux que les non. Les républicains sérieux n’ont pas plus de goût que les impérialistes pour les voyous de Belleville. Sur les trente-six journaux quotidiens publiés à Paris, quatre seulement conseillent un vote négatif. Nous avons quelques nouvelles des départements et de l’étranger. Il ne faut plus se faire d’illusions sur la province. Elle se lève, non pas pour venir au secours de Paris, mais pour se défendre chez elle. Le lendemain de la chute de l’Empire, le gouvernement actuel a envoyé dans les départements des commissaires républicains qui, au lieu de s’occuper uniquement de l’organisation de la défense nationale, ont cherché à faire de la propagande démocratique et anti-religieuse. Ces agissements révolutionnaires n’ont pas enthousiasmé les provinciaux, peu républicains de leur nature. Ils laissent Paris et ses démocsocs se défendre contre les Teutons et se contentent de défendre leurs