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octave crémazie

des critiques, et jamais, au grand jamais, je n’ai vu citer l’auteur du Fratricide comme un écrivain du premier ordre ; et s’il me fallait prouver qu’il est le premier parmi les seconds, je crois que je serais fort empêché.

« Écrivain catholique et légitimiste, le vicomte Walsh a été sous Louis-Philippe la coqueluche du faubourg Saint-Germain, mais n’a jamais fait un grand tapage dans le monde littéraire. Il a publié un Voyage à Locmaria qui l’a posé on ne peut mieux auprès des vieilles marquises qui ne juraient que par Henri V et la duchesse de Berry. Quelques années plus tard, son Tableau poétique des fêtes chrétiennes le faisait acclamer par la presse catholique comme le successeur de Chateaubriand. Cet engouement est passé depuis longtemps et de tout ce feu de paille, s’il reste une étincelle pour éclairer dans l’avenir le nom du noble vicomte, ce sera certainement le Tableau poétique des fêtes chrétiennes.

« Qu’il y a loin de Walsh, écrivain excellent au point de vue moral et religieux, mais médiocre littérateur, à ces beaux génies catholiques qui se nomment Gerbet, Montalembert, Ozanam, Veuillot, Brizeux, etc. Ne croyez-vous pas que vos lecteurs apprécieraient quelques pages de la Rome chrétienne de Gerbet, des Moines d’Occident de Montalembert, Du Dante et de la philosophie du XVIIIe siècle d’Ozanam, des Libres penseurs de Louis Veuillot ? Et ce charmant poète breton, Brizeux, ne trouverait-il pas aussi des admirateurs sur les bords du Saint-Laurent ?