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journal du siège de paris.

quand il avait reçu le prix de cinquante livres. La garde nationale est arrivée à temps pour rétablir la paix et emmener le charbonnier chez le commissaire de police. Quelques bonapartistes hallucinés espèrent toujours que Napoléon III fera son entrée à Paris demain, 2 décembre.

Vendredi soir, 2 décembre. — Un froid de loup. Au prix actuel du bois, il fait cher se chauffer. Depuis ce matin, à trois heures, on dirait un congrès de tonnerres. Les grosses pièces des forts donnent à la fois. C’est à devenir sourd. À trois heures après-midi, les estafettes commencent à arriver du champ de bataille. Elles traversent la ville en criant : Bonnes nouvelles ! Au coin de la rue Drouot, un officier qui a quitté le combat à deux heures et demie, raconte à un groupe dont je fais partie que, refoulée le matin sous les forts, l’armée française a repris l’offensive à onze heures et a enlevé avec un entrain admirable les hauteurs de Villiers-sur-Marne et de Chennevières. On s’est battu pendant huit heures contre plus de 100,000 Allemands. Dans sa dépêche de ce soir, le général Trochu exprime sa satisfaction de la tenue et du courage des troupes, et déclare que la victoire d’aujourd’hui est beaucoup plus importante que celle d’avant-hier. Pas le moindre Napoléon aux portes de Paris et le 2 décembre est passé !

Samedi soir, 3 décembre. — Pluie à torrents, boue à botte que veux-tu. Silence sur toute la ligne. Comme avant-hier, on relève les blessés et on enterre les morts.