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journal du siège de paris.

ritables boucheries canines et félines ambulantes. La librairie au rabais, ne pouvant expédier ni en province ni à l’étranger, se donne presque pour rien. Avec cinq cents francs, on achèterait ce qui vaut trois mille francs au rabais, en temps ordinaire.

Mardi, 22 décembre. — Aujourd’hui, 27 février, je reprends mon journal, que le froid et les souffrances des dernières semaines du siège m’avaient obligé d’interrompre. Je mets au net les notes au crayon que j’ai prises depuis le 19 décembre.

Temps nuageux. Les mouvements de troupes ont continué toute la journée. Pendant la nuit, on a battu le rappel pour réunir les compagnies de marche de la garde nationale. On pense que le branle-bas général commencera cette nuit. L’affaire, si nous en pouvons juger par la masse de troupes qui sortent de Paris, sera plus sérieuse que celle du 2 décembre. Il est probable que la bataille durera deux ou trois jours. Passe le ciel que la France soit enfin victorieuse et que nous soyons débloqués pour Noël ! La mélasse, qui ne se vendait presque pas à Paris, fait maintenant les beaux jours des petits ménages. On fait de la trempette comme chez nous. Nous mangeons en ce moment du pain américain. Le boulanger de notre rue reçoit tous les jours des montagnes de quarts de farine portant l’estampille du Pacific-Mill, Wisconsin.

Mercredi, 21 décembre. — Froid très sec. On s’est battu du côté du Bourget. On a fait une centaine de prisonniers, mais le Bourget est resté aux mains de