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journal du siège de paris.

ne pourrai y résister. Nous avons mangé presque tous les chevaux de fiacre. En temps ordinaire, on compte à Paris douze à quinze mille fiacres et voitures de remise. Aujourd’hui, il n’y en a plus quatre cents. C’est presque une curiosité de voir une voiture de louage dans les rues de la capitale. Les omnibus continuent encore leur service, mais ils ont diminué de moitié le nombre de leurs départs.

Jeudi, 12 janvier. — Un peu moins froid qu’hier. Le bombardement continue avec la même rage et fait toujours des victimes. Quelques incendies, allumés par les obus prussiens, éclatent du côté de la Halle aux vins, mais on se rend facilement maître du feu. On pense que le but de ce bombardement, qui produit si peu d’effet au point de vue militaire, est d’effrayer la population parisienne, afin de l’empêcher de faire une sortie et de profiter de cette panique pour détacher de l’armée d’investissement quelques corps de troupes, afin d’aller au secours du prince Frédéric-Charles, qui semble menacé par Chanzy. Le chiffre de la mortalité continue sa progression ascendante, quatre mille six cents la semaine dernière. Dans les pharmacies, un certain nombre de drogues sont épuisées, et les malades à qui elles sont indispensables, doivent nécessairement succomber. Le lard se vend vingt-cinq francs la livre, et le jambon cinquante francs.

Vendredi, 13 janvier. — Le temps s’adoucit. Pluie d’obus et de bombes incendiaires sur le quartier latin. Les pauvres habitants de la rive gauche continuent