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dernières lettres.

pleine terreur, moins la guillotine. L’émeute, maîtresse de la capitale, fait arrêter qui bon lui semble. Il est vrai qu’à moins d’être une notoriété publique, on en est quitte pour une nuit passée au poste. Il ne faut pas dire un mot de blâme sur la conduite de nos seigneurs et maîtres, ou gare les coups de crosse des gardes nationaux de Belleville et de la Villette, qui, avec la clique Montmartre, règnent en despotes sur la capitale du monde civilisé. L’Assemblée nationale ne sait pas où donner de la tête. Sur sept cent cinquante députés, on compte près de six cent cinquante ennemis de la république qui ne voient dans la crise que nous traversons qu’un moyen d’arriver plus vite au gouvernement de leurs rêves : la monarchie.

Entre la réaction blanche qui siège à Versailles et la terreur rouge qui trône à l’Hôtel de Ville, la pauvre France roule au fond de l’abîme qui doit l’engloutir. Après avoir vainement essayé d’obtenir aide et protection de l’assemblée nationale, les mairies des vingt arrondissements de Paris, pour éviter une collision sanglante, ont accepté les élections pour la commune. Elles ont eu lieu hier. Nous n’en connaissons pas encore le résultat. Au reste, ces élections ont été faites au milieu d’un calme parfait.

Il est très probable que les hommes du 18 mars auront une grande majorité : les conservateurs s’étant abstenus, Blanqui serait élu à une immense majorité dans le dix-huitième arrondissement (Montmartre). Flourens et Pyat seraient également élus.