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dernières lettres.

arrive par le steamer canadien qui laissera Liverpool le 13. Je vous envoie en même temps les journaux d’Orléans.

Tous les matins, nous recevons les dépêches télégraphiques de Versailles qui nous mettent au courant des événements de Paris. La fameuse sortie en masse sur Versailles a été un véritable fiasco. Les insurgés sont battus dans toutes les rencontres. La ligne tient bon et ne lève plus, comme à Montmartre, la crosse en l’air. Hier, le pont de Neuilly, que le citoyen général Bergeret (lequel Bergeret n’a jamais vu le feu ailleurs que dans une compagnie d’assurance où il était employé) déclarait inexpugnable, a été enlevé haut la main par les troupes de Versailles. Les fédérés ont perdu au moins huit mille hommes dans ces différentes rencontres. La terreur règne dans la capitale.

Mgr Darboy, archevêque de Paris, Mgr Sura, le général des dominicains, sont en prison. Toutes les communautés sont pillées ainsi que l’archevêché de Paris.

On vient de décréter une loi des suspects qui pourrait rendre des points à celle de 93. Tout cela ne peut durer longtemps. Les chefs de la Commune s’emprisonnent les uns les autres ; bientôt ils se battront entre eux dans les murs de Paris.

Je n’ai pas besoin de vous dire que le commerce n’existe plus. Les familles les plus à l’aise se trouvent dans l’embarras. Un de ceux qui m’ont prêté de l’argent pendant l’investissement, n’a pu trouver cinq mille