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octave crémazie

de cette touchante personnification de la nation canadienne retracée dans le Vieux soldat canadien,

Descendant des héros qui donnèrent leur vie
Pour graver sur nos bords le nom de leur patrie,
La hache sur l’épaule et le glaive à la main.


«Ayant survécu aux malheurs de la patrie, presque aveugle,

Mutilé, languissant, il coulait en silence
Ses vieux jours désolés, réservant pour la France
Ce qui restait encor de son généreux sang ;

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Ses regards affaiblis interrogeaient la rive,
Cherchant si les Français, que, dans sa foi naïve,
Depuis de si longs jours il espérait revoir,
Venaient sur nos remparts déployer leur bannière :
Puis, retrouvant le feu de son ardeur première,
Fier de ses souvenirs, il chantait son espoir :

« Pauvre soldat, aux jours de ma jeunesse,
« Pour vous, Français, j’ai combattu longtemps :
« Je viens encor, dans ma triste vieillesse,
« Attendre ici vos guerriers triomphants.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


« Mes yeux éteints verront-ils dans la nue
« Le fier drapeau qui couronne leurs mâts ?
« Oui, pour le voir, Dieu me rendra la vue !
« Dis-moi, mon fils, ne paraissent-ils pas ? »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .