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octave Crémazie.

française. La jeunesse actuelle n’a point connu Crémazie, et elle saura gré à quiconque lèvera un coin du voile qui enveloppe sa vie. L’histoire s’est faite pour lui ; et l’on peut en parler avec d’autant plus de liberté que le dernier des Crémazie est mort. C’est une famille éteinte, et bientôt rien ne rappellera plus son souvenir que les poésies auxquelles Octave Crémazie a attaché son nom. Et puis le malheur a donné à la physionomie du poète ce je ne sais quoi d’achevé qui commande la sympathie et arrête l’attention.

— Vous êtes en cela meilleur juge que moi, répondis-je à mon ami. Toutefois vous n’avez lu qu’une partie des lettres qu’Octave Crémazie m’a adressées. Nous les relirons ensemble, si vous le voulez ; et si vous persistez à croire qu’elles offrent un intérêt réel, je les livrerai à la publicité.

— Parfait, reprit-il ; mais n’y eût-il que les lettres dont j’ai pris lecture, elles suffiraient pour me déterminer, car elles renferment des aperçus littéraires, des jugements sur nos hommes de lettres, des coups d’œil sur la situation intellectuelle du pays qui sont d’autant plus intéressants qu’ils datent déjà d’une quinzaine d’années. Ils serviront à mesurer la marche des esprits et le mouvement des lettres, pendant cette période.

— Mais, objectai-je encore, il y a dans ces lettres des témoignages de reconnaissance pour de petits services que j’ai eu occasion de lui rendre, des éloges qu’il se croyait obligé de m’adresser pour me remercier des