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poésies.

« Vos pieds savent fouler les peuples expirants,
« Et semer leur passage et de morts et de flammes :
« Je vous livre Stamboul, ses harems et ses femmes,
« Et l’or des Musulmans !… »

À l’insolent défi que Nicolas prononce
La France et l’Angleterre ont donné la réponse.
Entendez-vous au Nord le tonnerre grondant ?
C’est Bomarsund qui tombe au bruit de la mitraille,
Cet invincible fort que six jours de bataille
Ont réduit au néant.

Quel est ce nom vainqueur venu de la Crimée
Qu’apporte d’Orient la brise parfumée ?
C’est le grand nom d’Alma !… D’où vient ce chant de deuil ?
C’est Saint-Arnaud mourant sous les yeux de l’Europe,
Qui d’un linceul de gloire, expirant, s’enveloppe
Pour descendre au cercueil.

Ô héros d’Inkermann ! où trouver une lyre
Pour chanter dignement ce généreux délire
Qui vous fit les vainqueurs d’un combat de géants ?
En répétant vos noms aux peuples de l’Aurore,
Les échos de la Grèce ont cru redire encore
Les exploits des Titans.

Quand les peuples, trompés par un triste vertige,
Des vertus d’autrefois dédaignant le prestige,
Au seul culte de l’or se vouent avec ardeur ;
Quand leur esprit souillé semble ne plus comprendre
Ces deux sublimes mots que Dieu leur fait entendre,
La justice et l’honneur,