Page:Crémazy - Coutumes, croyances, moeurs et usages en Chine, dans l'Annam et en Corée, 1908.pdf/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 19 —

chaque jour des sacrifices devant la tablette du défunt : pour cela, il se prosterne face contre terre, il récite les prières d’usage, il pousse les lamentations rituelles aï-go[1] ! plusieurs fois répétées par lui, par sa femme et ses enfants ; il offre ensuite aux générations d’ancêtres décédés (tantôt trois, tantôt quatre, selon le cas) divers mets préparés avec soin, du tabac à fumer, de l’encens.

Les obsèques impériales. — Le 2 janvier 1904 décédait à Séoul l’Impératrice douairière de Corée, Hong-Tai-Hou, dont les funérailles furent célébrées le 14 mars : cette date était subordonnée au choix que les géoscopes et astrologues officiels devaient faire d’une « montagne » convenable pour la sépulture, après examen de la « veine du dragon » (rai ryonk maik), source de bonheur, de prospérité et de richesses pour la famille. Une pompe extraordinaire fut déployée à l’occasion des obsèques impériales. Au palanquin funèbre, magnifiquement orné, que portaient sur leurs épaules une centaine d’hommes de service à gages, étaient censés attelés six chevaux gigantesques en carton (2 blancs, 2 rouges, 2 gris), traînés par une foule de domestiques du Palais ; en avant du cortège marchaient six mendiants (pang syang syou), le visage couvert de masques horribles, dont l’aspect hideux devait effrayer les Esprits malins qui eussent été tentés de s’approcher du cercueil de l’auguste défunte.

L’observance du deuil légal. — La cessation de toute fonction publique est rituellement prescrite pendant la durée du deuil d’un père ou d’une mère (27 mois) ; mais, à titre exceptionnel, et en considération des services distingués à lui rendus par un fils en deuil de son père, l’Empereur se réserve, quand il le juge à propos, de relever le fonctionnaire de cette incapacité légale, en le nommant à nouveau à l’emploi qu’il occupait au décès du père.

Le deuil national est porté durant une année entière. 1o Tous les fonctionnaires civils et militaires, les gouverneurs de provinces, les magistrats, les diplomates en service ou non, ont le vêtement, le chapeau et la ceinture de chanvre écru, les souliers blancs. 2o Le peuple porte les habits, le chapeau, la ceinture et les souliers blancs. 3o Pendant la première période du deuil, et dans les réceptions officielles, l’Empereur porte un grand manteau à longues manches en chanvre écru ; le chapeau et la ceinture de S. M. sont recouverts d’une pièce de la même étoffe ; ses souliers sont blancs. 4o Les femmes des fonctionnaires civils, des gouverneurs de provinces, des magistrats, des diplomates en service ou non, portent le grand manteau en chanvre blanc, la longue robe et la ceinture de même étoffe ; elles se couvrent la tête de chanvre pendant la période du grand deuil.

  1. Mot qui signifie : hélas !