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née 220 avant J.-C., l’imprimerie tabulaire ; en l’année 450 après J.-C., la vaccination et le chloroforme[1].

Ce n’est pas tout. Trois siècles avant l’ère chrétienne et pour se préserver des invasions des Mongols, il a bâti la fameuse « Grande Muraille » (Wan li tchiang tchieng, la grande muraille des 10 000 li), qui n’a pas moins de 800 lieues de longueur et 10 pieds d’épaisseur. Grâce à de persévérants efforts et à la contribution de tous, il a creusé le « Canal Impérial », qui relie directement la ville de Tien-Tsin à celle de Sou-Tchéou, établissant, par suite de sa jonction habilement ménagée avec plusieurs grands fleuves, une communication intérieure de 984 lieues dans le Céleste-Empire[2] — travaux gigantesques qui, sans égaler les merveilles de l’ancienne et de la moderne Égypte (les Pyramides et le Canal maritime de Suez), peuvent hardiment soutenir la comparaison avec les œuvres colossales de la terre des Pharaons.

On n’arrive pas au même degré de précision lorsqu’on veut, rechercher l’origine des Chinois. L’examen comparé de leurs meurs et coutumes nationales ne pourrait-il pas fournir quelque élément de solution ? Or, en rapprochant de leurs usages actuels ceux qui se trouvent décrits dans la Bible, on est frappé des nombreux points d’affinité qui s’observent entre eux. En voici plusieurs exemples :

a) Le régime patriarcal, clef de voûte de l’édifice social et du droit privé en Chine, parait calqué sur les mœurs et coutumes primitives mentionnées dans les récits bibliques.

b) La séparation d’Abraham et de son neveu Loth (Genèse, chap.  XIII, versets 8 et 9) offre une grande analogie avec le partage familial des biens ancestraux, au décès des père et mère, à l’expiration de la période de deuil (art. 87 du Code chinois).

c) Jacob, chez Laban, qu’il a servi sept ans, consent à le servir sept années de plus pour avoir Rachel, après avoir eu Lia (Genèse, XXIX). N’est-ce pas, trait pour trait, l’usage suivi dans l’Annam, où le fiancé est obligé de se mettre au service du futur beau-père pendant deux ou trois ans, avant d’obtenir la jeune fille qui lui a été promise en mariage ? Cela s’appelle lam-ré ou nhap nhoai : « faire un gendre » ou en chinois jou tchouei.

d) Jacob mourant fait promettre sous serment à Joseph de l’ensevelir dans le sépulcre qu’il s’était préparé au pays de Chanaan (Genèse, L, 5 et 13). Les Israélites prennent les ossements de Joseph, qu’ils avaient emportés d’Égypte ; et les ensevelissent dans le tombeau de Jacob (Josué, XXIV, 32). D’après d’antiques traditions, le tombeau est réellement la maison des morts ; la famille s’y reconstitue. N’être pas enseveli dans le tombeau de ses pères est le plus grand des malheurs, le plus grand des déshonneurs. On sait que la volonté dernière du Chinois, expirant à l’étranger, est que ses restes mortels traversent les mers.

  1. Voy. le Dictionnaire français-latin-chinois du P. Paul Perny et son Appendice au Dictionnaire, Paris, Didot, Leroux, 1869, 1872.
  2. Voy. La Chine, par le P. Perny, et aussi Le Canal Impérial, par le P. Gandar, de la Mission catholique de Shanghaï (1894).