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MYRIAME.

Je suis le berger Myriame. La parque veut trancher le fil de nos amours… défends-nous !

ÉROS.
––C’est lorsqu’on s’aime encor qu’il faut que l’on se quitte !
––La vie éteint l’amour, la mort le ressuscite.
––Heureux celui qui meurt, croyant que ses amours
––––––––Auraient duré toujours !
DAPHNÉ.

Ce qu’il fallait à notre amour, c’était au moins l’éternité !

ÉROS.
––Un amour éternel ! Quel est ce jeune frère,
––Qu’à mon insu m’aurait donné ma mère ?
––––––Je me croyais, en vérité,
––––––Seul fils de Vénus Astarté !
DAPHNÉ.

Éros, si tu es vraiment le dieu des cœurs aimants, Éros, rends-lui la vie !

CHŒUR.
––––––Éros, Éros, cède à leurs vœux !
––––––Éros, éternise leurs feux !
ÉROS.
––Vous voulez prolonger ce qui devrait finir !
––Vivez ! pauvres bergers ! qu’allez-vous devenir ?
–––––––Vous voulez braver l’orage,
–––––––Je dois exaucer vos vœux !
–––––––Mourir eût été plus sage !
–––––––Vivez, bergers amoureux !
–––––––Allez, enfants téméraires,
–––––––Chercher, la main dans la main,
–––––––Ce chemin qui ne fut guère,
–––––––Tracé pour un pas humain !
–––––––Ah ! les faiblesses mortelles
–––––––Me feront toujours pitié !