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LE MARQUIS.

Lorsque je sentis que j’allais l’aimer ; cela eût été burlesque et je l’abandonnai, sur le conseil d’un autre de mes amis qui consentit à m’en dégager. J’allais en prendre une troisième… j’allais prendre Duthé… la petite Duthé… Il est à remarquer que dans la longue série de mes triomphes, j’ai toujours rencontré à point nommé un ami qui…

L’INTENDANT.

On n’a jamais trop d’amis.

LE MARQUIS.

Quoi qu’il en soit, cette vie de plaisir, de fatigue et d’ivresse m’usa bien vite… C’est alors que j’épousai la marquise.

L’INTENDANT.

Monseigneur ne pouvait faire un meilleur choix… Madame la marquise est adorable.

LE MARQUIS.

Impertinent : Crois-tu donc que je le sache, crois-tu que l’inflexible étiquette m’ait jamais permis de…

L’INTENDANT.

Ah ! monsieur le marquis n’a jamais ?…

LE MARQUIS.

Allons donc, palsambleu ! on m’eût montré du doigt… A peine marié, j’envoyai la marquise à la campagne… et je repris la vie pour laquelle j’étais fait… Te l’avouerai-je cependant, les compensations que j’ai voulu chercher ne m’ont laissé que le cœur vide et la main pleine de sable… (Avec un geste de découragement.) tiens, voilà mon cœur… Aussi ai-je quitté ce monde corrompu, pour venir vivre au sein même de la nature et des bergers.

L’INTENDANT, à part.

Eh bien ! vous y aurez la main, monsieur le marquis.

LE MARQUIS.

Que fait-on dans ce hameau ?