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LA SINCÈRE, elle entre portant deux seaux et un cercle.

Je travaille ben aussi, moi, qui vas m’ marier tout comme toi, et j’ suis ben autrement pressée, moi !…

LA ROUGE.

Plus pressée !… j’ai bien la patience d’attendre… Pourquoi donc que t’attendrais pas aussi ?

LA SINCÈRE.

Pourquoi ?… je ne sais pas en quoi que t’es ? mais moi, v’là quatre ans que je tiens bon… et dam, il est temps !

COUPLETS.
I
––––––Qu’eu métier pour un’ jeun’ personne,
––––––De m’ner paîtr’ les moutons aux champs !
––––––C’est humiliant, qu’on en frissonne !
––––––Faut les servir tout comm’ des gens !
––––––Sans compter qu’ les montons, les traîtres,
––––––Ça s’ sauve et qu’ faut courir après !
––––––Et les dindons, c’est comm’ les maîtrs,
––––––Ça crie et ça r’merci’ jamais.
–––––––––Quel fichu métier,
–––––––––Pour une jeunesse,
–––––––––Qui va s’ marier !
–––––––––Qu’on vienne donc crier.
–––––––––Qu’ c’est la paresse,
–––––––––Qui fait qu’on engraisse,
––––––––––Ça fait pitié !
II
––––––C’est joli l’ tableau de la campagne !
––––––Quand l’ jour paraît, faut êtr’ debout !
––––––A c’ métier-là, qu’est-ce que l’on gagne,
––––––Des rhumes de cerveau, mais v’là tout
––––––Et le jour mêm’ qu’on se marie,
––––––Il faut encor, c’est bien cruel !