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NICOT, prenant un autre balai. A part.

Il s’agit de faire sa cour… (Haut.) Il croit qu’ vous n’en pourriez point trouver d’autre ! C’est ben drôle tout d’ même !

LA SINCÈRE.

Avec ça que j’ serais embarrassée !… (Cherchant.) Il y a d’abord… et puis… non… (Pleurant.) Mais non, il n’y en a point !

NICOT, balayant.

C’est parce que vous ne voulez pas voir… car ça crève les yeux ! La Rouge qu’avait le goût difficile en avait trié un avant notre rupture…

LA SINCÈRE.

Avant votre rupture ! comment ! tu ne te maries plus avec la Rouge ?

NICOT.

Non !

LA SINCÈRE.

Pourquoi ?

NICOT.

Tant pis… j’ peux parler à c’t’ heure qu’ vous êt’s libre… avant, j’ pouvais pas, parce que j’ suis délicat… Eh ben, c’est parce j’en aime une autre !

Il balaie avec ardeur.

LA SINCÈRE.

Qui ?

NICOT.

La plus belle et la plus vertueuse… Ne cherchez pas… car moi, j’ suis pas comme c’t’ imbécile et j’ crois pas à des histoires… je l’ voirais, que je l’ croirais pas ! Je vous défendrai, moi, contre les méchantes langues… je suis amoureux de vous et… je veux vous épouser… v’là le mot lâché !… L’affaire est emmanchée !…

Il remmanche son balai.

LA SINCÈRE.

Comment ! tu m’aimais d’amour ?