Page:Crémieux et Halévy - La Chanson de Fortunio, 1868.djvu/34

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FORTUNIO.

Pardieu ! ce n’est pas à mon bonnet que je parle.

VALENTIN, à part.

Est-ce qu’il se douterait… Je tremble comme un voleur. Je ne lui ai pourtant rien volé jusqu’ici.

FORTUNIO, à part.

Je me souviens que, lorsque maître André me regardait en face, il me passait des brouillards devant les yeux. Voyons s’il a des brouillards. (Haut.) Eh bien ?

VALENTIN.

Eh bien ! monsieur, je vous regarde.

FORTUNIO.

Et pourquoi me regardez-vous ?

VALENTIN.

Mais, monsieur, c’est vous qui m’avez dit…

FORTUNIO.

Je le sais bien. (A part.) Pas le moindre tressaillement. Ce petit bonhomme est bien fort. (Haut.) Monsieur Valentin !

VALENTIN.

Monsieur Fortunio ?

FORTUNIO.

Montrez-moi vos escarpins. (Valentin fait mine de s’en aller.) Vous me comprenez fort bien : montrez-moi vos escarpins ! (Il regarde les souliers de Valentin.)

VALENTIN, à part.

Je suis perdu !

FORTUNIO, à part.

C’est pourtant bien la mesure… (Haut.) Monsieur Valentin ! croyez-vous à l’immortalité de l’âme ?

VALENTIN.

Oh ! oui, monsieur !