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POÉSIES DES DAMES DES ROCHES.

salde plus tard pour Philaminte et Bélise. Mais, faisant bon marché de ces méchants commérages de l’impuissance, elle continuait son doux labeur de poésie. Sa seule vengeance contre les jaloux fut d’écrire dans sa troisième ode :

Quelque langue de satyre
Qui tient banque de mesdire,
Dira tousjours : « Il suffit,
« Une femme est assez sage
« Qui file et faict son mesnage :
« L’on y faict mieux son profit. »
...............
Mais quelque chose plus dine
A la dame poitevine
Que le brave accoutrement,
Et déjà ell’fait coustume,
De choisir l’encre et la plume
Pour l’employer doctement.

Catherine aimait et admirait sa mère. C’était pour elle la femme forte de Salomon ; aussi, lui adressant l’imitation qu’elle avait faite de cette œuvre du sage roi, elle disait à Madeleine :

Je vous fais un présent de la vertu supresme,
Depeinte proprement par un roy très parfaict,
Ma mère : en vous ofi’rant cet excellent pourtraict,
C’est vous offrir aussy le pourtraict de vous mesme.

Moins portée aux choses de la poésie, Catherine, savait mieux que sa mère, concilier avec leur doux caprice les devoirs du ménage. On le pourra voir par le sonnet de la Quenouille que nous donnons plus loin. La raison tempérée de poésie de Catherine Des Roches se trouve là tout entière, comme le cœur aimant de Madeleine nous semble avoir sa plus tendre expression dans le sonnet sur la mort d’une amie. On croirait lire une poésie de madame Desbordes-Valmore, mêlée au plus vieux langage.

Édouard Fournier.