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SOUVENIRS

dans le savoir-faire de M. d’Argenson, qui était un lieutenant-général de police incomparable[1], on n’en fut pas moins effrayé quand on apprit ce vol effronté du Palais-Cardinal[2], et l’apparition de Cartouche au milieu de Paris. Beaucoup de familles qui n’avaient pas la ressource d’aller se réfugier à Versailles étaient en disposition de s’en aller dans leurs terres, quoiqu’on fût au cœur de l’hiver ; mais on sut bientôt que la troupe de Cartouche était embusquée dans la banlieue de Paris, et que ledit Cartouche, à la tête d’une bande de quarante à cinquante

    son procès ne dura pas moins de 19 mois, quoiqu’en ait dit l’auteur de la Vie de Cartouche et l’éditeur du recueil des Causes célèbres, qui l’a copié. On trouvera plusieurs autres lacunes dans le courant de ces mémoires. On ne pense pas que les cahiers se soient égarés fortuitement ; on croirait plutôt qu’ils ont été détruits par un scrupule de conscience, ou par un motif de charité pour la famille d’Orléans.

    (Note de l’Éditeur.)

  1. Marc de Voyer de Paulmy d’Argenson, depuis Garde-des-Sceaux. Il était filleul de la république de Venise, où son père était Ambassadeur de France, et c’est de là qu’il avait acquis ses théories de la police. Tout ce que mon père avait rapporté de la même ambassade était la Panagia, sur fond doré, que j’ai fait mettre au chevet de votre lit, mon enfant. La famille d’Argenson, parfaitement noble et fort ancienne, est la seule qu’on ait vue quitter l’épée, dans les temps modernes, pour entrer dans la judicature. Tous ces Voyer d’Argenson sont des gens bizarres.
    (Note de l’Auteur.)
  2. Le Palais-Cardinal est un bel édifice dépendant de l’hôtel de Soubise, où sont aujourd’hui les archives de la couronne. Il avait été destiné pour l’habitation des Cardinaux, des Princes-Évêques de Strasbourg et des autres prélats de la maison de Rohan.
    (Note de l’Éditeur.)