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SOUVENIRS

beaucoup dans ses plaidoiries en faveur de la maison d’Hanovre ; mais le Maréchal d’Écosse la laissait dire avec d’autant plus de sang-froid qu’il ne l’écoutait pas, et c’était la belle Émilie qui finissait par en enrager.

Le Prétendant, qui voyageait incognito sous le nom de Chevalier de Saint-Georges, était entouré d’espions salariés par Milord Stairs. On aurait désiré qu’il pût arriver à Nantes ; mais le Régent s’opposait à ce qu’il pût traverser la France, et le jeune Prince avait pris le parti de s’arrêter sur les terres de Lorraine, en attendant un bon moment pour essayer de passer inaperçu. Milord Stairs alla dire au Régent que le Prétendant devait passer à Château-Thierry, tel jour, à telle heure ; le Régent promit de l’y faire arrêter ; mais comme il avait à redouter l’horrible effet d’une action pareille, il envoya, pour y procéder, M. de Contades, major des gardes françaises, bien assuré que celui-ci ne manquerait pas de s’en tirer de manière à n’arrêter personne, ou tout au plus à capturer quelque personnage qui ne fût pas celui qu’on l’envoyait arrêter. On dit même que M. le Régent lui avait donné des instructions formellement opposées à cette promesse qu’il avait faite a l’ambassadeur anglais.

Celui-ci, qui connaissait les dispositions de la noblesse de France et tous les embarras que le Régent voulait s’éviter, se mit à manœuvrer comme si l’autre n’avait rien promis ; il avait envoyé des coupe-jarrets sur la route de Paris à Nantes ; et le Baron de Breteuil en avait été prévenu par M. d’Ar-