Page:Créquy - Souvenirs, tome 1.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
SOUVENIRS

car les vauriens dont il s’agit sont tous des Anglais, et l’un d’eux a parlé contre notre saint père le Pape. Elle leur proposa de les conduire chez le curé de la paroisse, auquel elle avait eu soin de confier la découverte qu’elle avait faite, et cette honnête femme était la maîtresse de poste de Nonancourt, laquelle avait nom Mam’selle Lhopital. Le Chevalier de Saint-Georges et ses compagnons se laissèrent conduire au presbytère, et Mlle Lhopital, qui avait eu soin d’enivrer ces Anglais et de les enfermer à double tour, s’en fut alors requérir la justice du lieu. Le chef de la bande eut beaucoup de peine à s’éveiller ; ensuite il s’emporta violemment contre Mlle Lhopital en disant qu’il appartenait à Milord Stairs et qu’il obtiendrait vengeance d’un pareil outrage au droit des gens. On lui répondit qu’il ne saurait être avoué par aucun ambassadeur, et qu’ayant organisé des guet-à-pens et fait des ouvertures inquiétantes pour la sûreté des grandes routes et des voyageurs, il allait commencer par aller coucher en prison avec tous les siens ; ce qui fut exécuté fort exactement à la poursuite de Mlle Lhopital. Elle expédia sur-le-champ un de ses courriers à M. de Torcy, en lui envoyant le procès-verbal de l’arrestation de ces Anglais joint à sa déposition personnelle sur les propositions qui lui avaient été faites par leur chef de file, à l’égard d’un voyageur qu’ils attendaient à Nonancourt. Elle fit partir le Chevalier de Saint-Georges dans une autre voiture et sous un autre costume, et fouette cocher sur la route de Nantes ! La Reine d’Angleterre écrivit à Mlle Lhopital pour la remercier