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SOUVENIRS

reçu d’un jeune commis des finances un coup d’épée dans la cuisse, et c’était chez une demoiselle de l’Opéra. ( M. de Richelieu disait que la culotte du blessé n’en avait pas été trouée.) Mme la Duchesse de Berrv lui fit quitter le petit collet pour prendre la croix de Malte : On a parlé de lui pendant long-temps sous le nom du Chevalier d’Aydie, et puis sous celui de Comte de Riom, car c’est un même personnage et le même favori de cette folle Princesse. Depuis qu’il avait repris l’épée, le même commis des finances était continuellement à sa poursuite et voulait toujours le faire dégainer : M. d’Aydie se battit volontiers quatre ou cinq fois ; mais la Duchesse de Berry finit par en prendre de l’inquiétude, elle fit dénoncer la querelle au Point-d’honneur, et voilà ces deux champions assignés par-devant la Connétablie de France. C’était le Maréchal de Chamilly qui présidait le tribunal, et tout aussitôt qu’il eut appris que l’adversaire du Chevalier n’était pas gentilhomme, il s’écria : — Que diable vient-il faire ici, et pourquoi nous appelle-t il Monseigneur ? — Est-ce que tu prétends que nous soyons tes juges ? Est-ce que tu nous prends pour un Évêque ou pour un Garde-des-Sceaux ? Nous ne voulons pas que tu nous appelles Monseigneur, et puis tu nous viens dire que tu t’appelles Bouton ; est-ce que tu prétendrais te moquer du monde ? et le voilà dans une abominable colère contre ce jeune homme, parce qu’il avait pris la liberté de l’appeler Monseigneur et qu’il se donnait les airs de s’appeler M. Bouton ! Il ne sortit pas de là.

Il est bon de vous faire observer que cette qua-