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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

était, se mit à nous énumérer tous les Ludgunum de la Carte de Peuttingher et de l’itinéraire d’Antonin : c’était Leyde (Ludgunum Batavorum), Lansber, Lens, Langres, Laon, Lans-le-Bourg et jusqu’à Lons-le-Saulnier, sans préjudice du Lugdunum Rhodanusium, prima sedes Galliœ, dont lui parlait ma tante ; de sorte qu’elle y renonçait, et qu’elle allait s’en retourner tout droit en Hongrie. Je n’ai pas dit toute seule, par la raison que le Marquis d’Hautefeuille corculum erat prœdictæ Comitissœ, et que c’était lui qui la déroutait en lui signalant avec tant d’érudition tous les Lugdunum dont les anciennes Gaules étaient parsemées. Il en avait découvert de trente à quarante, et c’était le cas d’appliquer à la géographie ce que le père Cotton disait à du Plessis-Mornay sur la Théologie : « qui n’est point science bonne à toute sorte de gents, pour ce que les sots s’en embestent et les méchants s’en empirent[1] ».

  1. Je n’ai jamais pu concevoir ce que ce pouvait être que des Comtes-Suprêmes qui sont vassaux d’un Roi de Hongrie, et qui sont arrière-vassaux de l’Empereur, qui n’est lui-même qu’un monarque électif ? Il n’est pas à supposer que ce soit à raison d’une grande illustration d’origine, car on sait que la maison d’Esterhasy n’est pas originairement illustre.

    Une autre qualification germanique qui m’a paru singulière, est celle de l’aîné des Rhyngraves. Son appellation d’Altgrave a peut-être quelque chose d’imposant au delà du pont de Kelh ; mais la traduction ne lui profite pas. J’ai rencontré dans mon voyage en Italie ce Vieux-Comte de Salm avec sa Vieille-Comtesse, qui n’étaient pourtant pas trop âgés l’un portant l’autre, car ils n’avaient que trente-sept ans à partager entre eux deux.

    Tous les souverains germaniques et toutes les chancelleries al-