Page:Créquy - Souvenirs, tome 10.djvu/240

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Altesse de Savoye mavoist donné des charges et honneurs, cestait peust estre un bon effect du ressentyment quelle avait pour mes services, et peust estre aussy par conscience au regard de la duché de Genesvois qui debvroit appartenyr a ceux de nostre maison : je luy delaysse mes terres de Savoye avecque mes services et ses offices, ainsi partant quitte avec luy. À propos de ses lettres clauses, javoye desja faict au Sieur dAlbigny ma response, et c’est à scavoir que sy je veulx presserver ma resputation, il me fault reserver les lettres de Monsieur de Savoye. Au regard du saulve conduit, que vous diroyje ? sinon que de ces trois gentils hommes du pays, qui sont allez par de la sur la foy de leurs saufs conduits, deux ont esté cruellement nasvrez en lhotel mesme et soubs les yeulx de vostre maistre, et l’autre a esté dezcapité bel et bien pour y avoyr creu. Questce a dire, adjourner au consceil de Savoye un Libre Seigneur de lEmpire et Foydatayre de la Couronne de france ? À quelle personne cuydez vous parler ? Et que faict a moy le Baillif de Bugeix que je pourroye fayre chastier sy jen escrivois au Roy ? Il me fault changer de propos pour la reverence que je veux garder a la Souveraine personne de Monsieur de Savoye, pour estre autant que je le suis en l’honneur de sa parenté. Sy quelque aultre nouvelle poursuyte a lieu de son costé, jen sauray faire ma plainte au Saint Consceil de lEmpire, et vous direz par super abundance a vostre maistre que jay saulve garde de l’Empereur, quy est le seigneur souverain de mon dict Sieur de Savoye. Dieu le conserve et vous conduyse.