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SOUVENIRS

Ma bonne amie du Crest m’a raconté comme quoi sa petite fille (nouvelle mariée) s’était présentée pour faire une visite à Mme de Montesson, et comment un valet de chambre, qui ne la connaissait point, lui répondit en ces termes : — Je ne saurais vous annoncer, Mademoiselle ; on n’entre jamais chez Madame quand elle est avec M. le Vicomte.

— Vous direz à ma tante que je suis fâchée de ne pas l’avoir vue, et d’autant plus fâchée que M. le Vicomte est mon mari !…

Cette aimable jeune femme aura bien du mérite à se conduire honorablement.

Comme cette cour du Palais-Royal et comme cette familiarité de la maison d’Orléans étaient pourtant composées d’étranges personnes ! D’abord, on y trouvait toujours des Clermont-Gallerande, et c’était, depuis cinq à six générations, une succession de personnages à renfermer dans les Petites-Maisons ! On y trouvait un Brancas qu’il aurait fallu mettre à Bicêtre ; on y voyait, qui vous dirai-je en préférence ? un M. d’Osmond, gentilhomme normand, qui se disait issu des Rois d’Apulie, le pauvre diable ! et qui détruisait ou détraquait toute espèce de chose à laquelle il pouvait toucher[1]. On l’appelait d’Osmond Brise-tout, et l’on a recueilli ses méfaits dans tous les ana de son temps. Ne supposez pas qu’il eût jamais de regret ou d’inquiétude au sujet des

  1. Barnabé-Gabriel Osmond, co-seigneur du Menil-Roger et capitaine an régiment Royal-Cravate. J’ai ouï dire en Normandie que sa famille était assez ancienne et qu’elle avait eu quelques bonnes alliances au temps passé.
    (Note de l’Auteur.)